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De Notre Frère Laurent - Le chemin de la Vie

Le livre de Laurent

LE CHEMIN DE LA VIE.


Le chemin que l’on prend dans la vie, est-il tout tracé ?
Le chemin initiatique, va-t-il avoir une influence sur nos choix de vie ?
Ma maladie, a-t-elle changé mon chemin ?
Notre chemin est-il dû au hasard ou au destin ?


Ce sont des questions que je me suis posé de tout temps.
Je suis certain que vous avez diverses opinions sur ce sujet, je souhaite que le
verbe circule dans les colonnes pour m’apporter un éclairage sur cette vaste
réflexion.


Je commencerai ma planche par la célèbre phrase de Malraux : "La vie ne vaut
rien, mais rien ne vaut la vie".


C’est quoi la vie ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le
demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus car il y a une multitude de
réponses. Ce qui me vient en premier à l’esprit, est que la vie peut être un
ensemble de phénomènes qui concourent à la croissance et à la conservation d'un
être. On peut également considérer que la vie résulte de cet ensemble de
phénomènes, à savoir le temps qui s'écoule entre la naissance et la mort.


Certains trainent leur vie, comme un boulet virtuel qui serait accroché à leur pied,
c’est une survie qui consisterait à aller au boulot jour après jour, en revenir,
manger, regarder la télé, puis se coucher, avec un malaise indéfini et flou qu’ils
répriment constamment.
Est-ce donc ça la vie ? Un gouffre sans fonds qui consisterait à passer son temps
à essayer de le remplir ? Il y a t-il autre chose ? Quelque chose qui lui donnerait
un sens...
On naît, on vit, et puis on meurt. Et tout ça pour quoi, dans quel but ?


Un poète Persan, nous dit : « A quoi nous sert la vie sans la Source de vie ? Toi,
si tu es un homme, ne vis pas sans ta vie ».
Pour moi la vie, c’est cette étincelle si brillante et si fragile à la fois, qui pourrait
s’éteindre à tout moment. Cette vie que l’on préserve et chérit de tout son corps et
de toute son âme. C’est la conscience de cette chance qui nous est donnée
d’exister et de pouvoir accomplir quelque chose. C’est le bonheur d’être ce grain
de sable qui participe à la création de la plage.



C’est un défi à relever chaque jour, dans lequel il faut faire preuve de courage et
de ténacité. C’est aussi une richesse, un bien précieux, une chance à qui sait la
saisir.

« Rien ne vaut la vie », on ne vit qu’une seule fois, il n’y a pas de vie en
brouillon. C’est pour cette raison qu’il faut tout faire pour mériter le bonheur
d’exister, malgré les hauts et les bas. La vie reste la vie, avec ces moments
heureux et difficiles. Il faut la défendre, quelquefois l’affronter, et surtout
l’aimer.

Pour moi, la source de vie aujourd’hui, consiste à essayer d’améliorer celle des
autres malades, c’est une de mes principales raisons de vivre. Avoir un but,
donne un sens à ma nouvelle vie en tant que malade. Je me lève heureux d’être
encore en vie pour aider, partager, participer à ce don que mes parents m’ont
donné : La Vie.

Quand je suis tombé malade, j’ai pris un chemin de montagne longeant un
précipice. A tout moment, je pouvais glisser et me tuer. Ce chemin semé
d’embûches, il a fallu que je l’affronte avec force et courage. Bien des fois, j’ai
voulu abandonner et me jeter dans le vide, mais toujours un frère, un membre de
ma famille, était sur le chemin pour me faire prendre conscience de l’importance
d’être en vie. Notre vie nous a été donnée et notre devoir est de l’honorer.
J’ai fait le choix de m’engager sur un chemin, certes difficile, mais qui me permet
de continuer ma lutte pour franchir les obstacles. Tout au long de ce
cheminement, j’ai fait des rencontres qui ont changé le cours de ma vie. Je
travaille à la découverte de mon moi intérieur, pour arriver à la fin de ma vie dans
la sérénité.

Pendant ce voyage, l’important n’est pas la destination, mais le chemin parcouru
pour s’y rendre.
Imaginez que vous soyez sur le chemin de votre existence et que votre regard
porte sur le but de votre vie. Vous avez cette destination en ligne de mire et toute
votre attention est focalisée dessus. Dès que le chemin devient plus chaotique,
que la pente devient plus raide, que des obstacles viennent entraver votre
cheminement, il y a fort à parier que, tôt ou tard, vous allez buter contre une
pierre et embrasser le sol.
Le chemin vers votre but tant désiré peut devenir un véritable calvaire rempli de
frustrations, douleurs et découragement, vous allez dépenser une énergie
phénoménale et finir par vous épuiser si vous avancez sans regarder autour de
vous.
Tomber n’est pas très grave en soi, vous pourrez toujours vous relever.


Il faut savoir quand faire une pause pour reprendre son souffle et relever la tête.
Se focaliser sur l’instant présent, apprécier ce qu’il y a autour de vous.
Prendre en compte les obstacles qui se présenteront devant vous pour mieux les
négocier ou les anticiper.
Il y a des choses qui me paraissent essentielles pour avancer sereinement sans
être obnubilé par la destination, les objectifs, la vision, le but ultime.
Parfois, il y a des moments dans la vie où les pentes deviennent plus douces, le
terrain plus praticable. Alors, le chemin, moins encombré d’obstacles, s’élargit
suffisamment pour vous permettre de relever la tête et voir au loin.
Le fait de relever la tête vous permet de jeter un oeil vers votre destination, votre
but. C’est à ce moment que vous pouvez évaluer le chemin restant à parcourir et
être fier de ce que vous êtes en train d’accomplir.
Avoir un objectif, un but, une vision, une destination, donne un cap à suivre dans
le voyage sur le chemin de votre vie.


Les chemins empruntés au cours d’une randonnée sont très souvent balisés par
des repères de couleur afin d’être assuré de se trouver sur la bonne voie.
Quelles peuvent être ces balises sur le chemin de la vie ?
Je pense que ces repères sont nos valeurs. Ces mêmes valeurs qui nous indiquent
que nous pouvons continuer d’avancer même si le passage est délicat. Ces mêmes
valeurs qui nous montrent le chemin à prendre si nous sommes face à un
carrefour de notre vie. Ce sont elles aussi qui nous rassurent lorsque nous
pensons être perdus et que soudain, au détour d’un virage, nous nous apercevons
qu’elles sont toujours là.
S’il y a bien une chose sur laquelle vous pouvez compter pour vous repérer sur le
chemin de votre vie, ce sont vos propres valeurs.


Imaginez qu’au cours de ce voyage, les lacets de vos chaussures se sont défaits.
Quoi de plus naturel alors que de s’arrêter quelques instants pour les renouer ?
Cette image, nous fait prendre conscience qu’il arrive parfois que, sur le chemin
de la vie, les relations qui vous lient aux autres se relâchent et finissent par se
défaire. Prendre un instant pour faire le point sur ce lien qui vous réunissait vous
permettra de mesurer si le renouement est important pour vous, ou pas.
De là, vous serez à même de renforcer les liens qui vous font avancer vers votre
but et, dans le même temps, vous défaire de ceux qui ont plutôt tendance à vous
freiner, voire vous faire tomber à force de vous prendre les pieds dedans.


Sur le chemin que j’ai emprunté, rencontrer la maçonnerie par son chemin
initiatique, par la fraternité, par l’application du symbolisme, m’a enrichi, m’a
aidé spirituellement, m’a encouragé à continuer ce parcours du combattant plus
sereinement.



Je me rends compte des changements qui se sont opérés en moi au cours de ces
dernières années. C’est une quête permanente qui me porte au dépassement de
mes limites habituelles. C’est une façon de prendre ma vie en main, prenant le
risque de chuter.

Un texte m’a beaucoup touché, c’est l’exemple de cheminement initiatique de
Saint Roch : « Guérisseur de la peste et des maladies de peau, né à Montpellier
vers 1350. La légende rapporte qu'il partit en pèlerinage pour Rome; il fut,
chemin faisant, confronté aux épidémies de peste. Guérissant les malades par le
signe de la croix, il allait de ville en ville jusqu'au moment où, à son tour, il fut
atteint par la maladie et chassé par ceux-là même qu'il avait guéris. Il dut faire
grande réflexion sur ce qu'est la guérison véritable, non point celle du corps, mais
celle de l'âme. Guéri de la maladie, guéri du désir de guérir les autres, il repartit
pour Montpellier et, sur le chemin, fut arrêté comme espion. Il mourut après cinq
années passées en prison. Sa cellule fut alors inondée de lumière et l'ange de Dieu
le désigna comme guérisseur de la peste. Des lieux de saint Roch, chapelles,
églises, statues, fontaines guérisseuses, existent depuis dans toute l'Europe,
principalement dans les régions qui furent touchées par les épidémies. L'on peut
retrouver et suivre les chemins de saint Roch où il parle encore au coeur du
cheminant. »
Dans l’histoire des hommes aucun parcours initiatique ne se fait seul. Pour moi
ce fut visiter dans toute son étendue la connaissance et la pratique des mystères
d’une société comme la nôtre. Mon parcours en entrant en maçonnerie, était un
itinéraire dans un monde dont j’ignorais l’existence avant de frapper à la porte du
temple. Je me préparais à partir, les yeux bandés, vers une destination inconnue.

Lors de mon initiation, j’ai suivi mon guide. Mon parcours dans la nuit et les
bruits fut parsemé d’obstacles que mon esprit avait de la peine à matérialiser.
Même mon imagination débordante était à l’arrêt. Le parcours du combattant
allait commencer. Pas n’importe quel combattant, celui dont les armes n’existent
que dans l’esprit. Les obstacles furent nombreux à appréhender. Mon combat fut
contre moi-même. Alors les voyages devinrent le début d’une initiation, le trajet
du parcours était en place. Je suis sorti de l’ombre, pour découvrir la Lumière.

Le parcours initiatique demande de faire de petits détours accompagnés par des
frères. Nos chemins de traverse nous conduisent vers les autres dans des actions
de solidarité et d’entraide, sur un itinéraire où se mélangent l’action profane et
l’action maçonnique. C’est l’apprentissage de la fidélité, de l’amitié et de la
fraternité. C’est toujours des moments intenses remplis d’émotions quand je
partage avec mes frères les agapes.
Je me rappelle, quand ce fut mon tour de parler, lorsque mon grade l’a permis,
j’ai dû faire un énorme effort sur moi-même. Je pense que mon intervention fut à


la hauteur de l’événement, simple, humble et fraternelle. Le parcours initiatique
devenait convivial. J’avais compris la notion de partage.
La vie est ainsi faite, de joies et bien souvent de peines qu’il faut savoir
surmonter. Le parcours initiatique maçonnique est à l’image de la vie, mais il
possède cette force de compréhension, et cette sagesse dans l’écoute des autres.

Je me suis toujours demandé si c’était le destin qui m’avait conduit en
maçonnerie, s’il voulait me guider en sachant très bien ce qui allait m’attendre.

Les croyants disent souvent « C'était écrit là-haut », pour eux, tout ce qui nous
arrive a été prévu de longue date, rien n'est le fruit du hasard ou de la volonté de
l'homme. En d'autres termes : l’homme subit son destin.

La question du destin est difficile et ambiguë car maîtrise-t-on vraiment son
destin ?. Il y a ceux qui pourront changer beaucoup de choses et se « réinventer »
mais il y a beaucoup d'individus qui devront simplement ‘faire avec'.
Les contraintes ne décident pas pour nous, qu'elles soient matérielles ou
génétiques, on est libre par soi-même. Il s'agit d'affirmer qu'au coeur de toute
personne une certaine « raison morale » se réalise dans le fait de se prendre en
charge. Le destin peut être dessiné grâce à une force volontaire et personnelle.

Pour certaines personnes, la raison peut être le moteur principal, mais pour
d'autres ce seront les sentiments, les émotions, l’intuition, qui peuvent pousser à
agir sans en posséder la maitrise On peut également être poussé par un choix,
vers, par exemple, le fruit d'un désir. À partir du moment où le désir est là et qu'il
est possible de le suivre, on choisit un chemin, et ce choix va entraîner des
transformations. C'est en se prenant en main que l'on transforme sa vie.

Le destin, c'est aussi s'engager auprès des autres, engager tout son propre
patrimoine, son sourire, son regard, sa chaleur humaine. C’est dans cet
engagement, décider « d’y aller », dans cette prise de risque que l’on prend une
part active dans nos choix de futur. Chacun peut défendre quelque chose et y
arriver. La question qui se pose est celle de savoir si l'on veut prendre soi-même
les choses en main, même si cela est parfois compliqué car le système est conçu
pour faire croire que grandir c'est se conformer aux idéaux.
Choisir un chemin en se battant contre le système même paraît toujours aberrant
et semé d’embûches. On incite les gens à s'engager, mais lorsque ceux-ci
frappent aux portes, on fait tout pour les décourager. On peut s'engager
pleinement dans une voie que l'on n’a pas forcément tracée par soi-même, que
d'autres ont tracé pour nous et réaliser son propre destin dans la mesure où on y
injecte un engagement personnel et authentique.


C’est souvent le cas, nos parents tentent de sécuriser notre parcours, mais chacun
devra suivre son propre chemin, pour certains tout tracé, pour d’autres à explorer
comme une aventure qui peut être spirituelle, par conviction intérieure et
personnelle.
Il y a l'optimiste et le pessimiste, l'un retrousse ses manches, l'autre les baisse. Ce
sont les optimistes et les courageux qui donnent la possibilité d'intervenir dans le
monde. Accomplir son destin implique nécessairement une part d'optimisme.

Le hasard joue-t-il un rôle ? Peut-t-on le considérer comme un concours de
circonstance influençant notre destin ? Peut-être représente-t-il tout simplement
un de ces outils apporté à l’édifice de notre propre construction, par le Grand
Architecte de l’Univers, telle une pierre angulaire ?

Ainsi, la phrase « Rien n’est le fruit du hasard » voudrait donc sous-entendre que
« tout serait le fruit du destin » ? A mon avis, cela n’est pas si simple. Même si le
hasard bouscule l’ordre des choses, il ne régit pas notre vie, mais peut-on
vraiment affirmer qu’il n’existe pas ?
Certaines rencontres, peuvent parfois être déterminantes, d’où l’expression « le
hasard fait bien les choses ». Beaucoup de personnes me disent que c’est
incroyable à quel point leur rencontre avec moi aura impacté leur vie, leur a
donné du courage pour affronter leur futur.
Ces rencontres qui bouleversent votre vie, qui vous font avancer, sont-elles des
rendez-vous du destin ou du hasard ? Nous sommes tous des pièces importantes
dans la vie d’autres personnes, comme elles le sont pour nous.

Il y a de quoi être perplexe quand on se trouve pile au bon moment au bon
endroit et que notre souhait se réalise à la perfection, bien au-delà de nos attentes.
Le GADLU ordonne-t-il ces phénomènes ?

Notre mental joue une part importante dans nos interactions : le positif entraine le
positif, notre état d’esprit est perçu chez les autres et influence les relations.
Choisir un chemin ouvert aux autres et montrer une sérénité devant les obstacles
restant à surmonter, est une preuve d’amour et de respect de la vie.

Paulo COELHO a écrit : « Les plus grands évènements de notre vie et grandes
rencontres sont planifiées par les âmes, bien avant que les corps ne se
rencontrent ».
Que ce soient des moments d’éveil ou de révélation suite à des rencontres ou des
évènements, ou de grandes relations amoureuses qui nous font évoluer
spirituellement, en prendre conscience a été une profonde délivrance pour moi.


Choisir son chemin, vivre intensément en suivant sa route, devenir acteur de son
propre destin et faire ses choix, n’est-t-il pas plus valorisant que de penser que
tout est dû au hasard ou à la chance ? Nous avons tous un potentiel à explorer, à
partager, et à transmettre aux futures générations.
Cet héritage qui représente notre chemin parcouru et souvent inachevé, ils
pourront alors choisir de le reprendre ou décider d’en suivre un autre, mais cela
importe peu tant qu’ils avanceront……………..

J’ai dit Vénérable Maître
Si vous le souhaitez, je peux répondre à vos questions par internet

Le Banquet de Platon

Le partage du boire et du manger fait l’objet d’innombrables évocations dans la littérature ,
ce depuis les textes les plus anciens parvenus à la connaissance des hommes.
Il n’est guère d’écrit littéraire de quelque importance, dans tous les genres,
qui lapidaire ou prolixe ne sacrifie à la description d’un repas en commun.
Nous nous attacherons ici au Banquet de Platon ( 429-347 avant J.-C. ). 
 de  Jacques Tornay

Une agape rituélique

Il s’agit d’une suite de discours tenus par sept protagonistes tous disciples de Socrate, lui-même est présent au banquet offert par le poète Agathon au lendemain de la fête organisée en l’honneur de celui-ci pour le succès de sa première tragédie. La rencontre de nos « sept sages » – dont l’existence historique est avérée – aurait bel et bien eu lieu, près d’Athènes et vraisemblablement en 416 avant notre ère. Platon a usé de l’événement comme il lui semblait bon, avec sa pleine liberté d’écrivain afin de présenter une variation de thèses mais aussi pour l’agrément du public. Notons qu’il était doué dans l’art de la poésie et du théâtre, jusqu’à ce qu’il connaisse Socrate et se tourne alors résolument vers la philosophie. Socrate sera d’ailleurs son porte-parole dans Le Banquet.

Voici les invités réunis dans une agréable résidence de campagne. Il en est qui ont mal aux cheveux pour avoir trop célébré, la veille, le triomphe d’Agathon. Ils s’engagent toutefois à se tenir décemment pendant la réunion, c’està- dire à observer la tempérance. Le thème de la discussion est vite décidé, c’est d’amour dont il sera question, celui qu’inspire le dieu Eros. Le souper peut commencer. On ne sait de quels mets il se compose, seul le vin est mentionné. Les convives mangent étendus sur des nattes, servis par des esclaves enfants. Ils sont entourés d’invités anonymes, un peu comme sur un plateau de télévision les vedettes sont placées sous les projecteurs tandis que les autres demeurent dans la pénombre. « On fit des libations, on célébra le dieu, enfin, après toutes les autres cérémonies habituelles, on se mit en devoir de boire », relève le narrateur. Trois canons sont portés sur un air de flûte joué par une jeune musicienne.

La série d’exposés apologétiques

Phèdre s’exprime le premier. Il place Eros « parmi les dieux les plus anciens, et la preuve, c’est qu’il n’a ni père ni mère », il vante les conséquences bénéfiques de l’amour sur la conduite de l’Etat. Le sensuel Pausanias, amant d’Agathon, intervient ensuite. Pour lui, toute action « n’est par elle-même ni bonne, ni mauvaise ; par exemple, ce que nous faisons maintenant, boire, chanter, causer, rien de tout cela n’est beau en soi, mais devient tel, selon la manière dont on le fait (…) ». Car «aucune action conforme à l’ordre et à la loi ne mérite d’être blâmée ». Aristophane lui succède, mais pris d’un hoquet soudain il passe son tour au médecin Eryximaque : effet comique comme il y en a plusieurs dans Le Banquet. Eryximaque, savant aux allures suffisantes et à l’érudition affectée, étend l’influence d’Eros aux animaux et aux plantes, à tout ce qui vit. Puis il aborde la musique. Autre moment d’humour quand Aristophane assure qu’autrefois l’homme « était dans son ensemble de forme ronde, avec un dos et des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes (…) ». Agathon dit notamment qu’« il n’est personne qui ne devienne poète quand de lui l’amour s’est emparé » et poursuit sur sa lancée rhétorique un rien verbeuse.

Socrate, qui apparaît vers le milieu du festin, admire les envolées oratoires qu’il entend, quoique lucide quant à la recherche de la vérité pure, qui ne saurait se réduire à une succession de louanges à la gloire du Beau, de la Vertu et des félicités célestes. « C’est en quelque chose de tel que consiste l’opinion droite : un intermédiaire entre sagesse et ignorance ». Il rapporte son dialogue avec Diotime, dame de Mantinée lui ayant dit que « c’est une affaire divine, c’est, dans le vivant mortel, la présence de ce qui est immortel : la fécondité et la procréation ». L’enfantement provient de « l’union de l’homme et de la femme ». Utile rappel dans une assemblée masculine où certains ont des propos touchant à l’homosexualité et à la pédérastie. Emile Chambry écrit dans la préface à sa traduction : « Platon commet une autre confusion quand il prend pour de l’amour ce qui n’en est qu’une déviation maladive (…). Le manteau de la philosophie sert à couvrir ici de singuliers égarements ».

Enfin, surgit Alcibiade, charmeur flamboyant plein de verve et de répartie. Visiblement éméché, il se déclare roi du banquet et y va, lui aussi, d’un éloge appuyé de son maître Socrate. Celui-ci lui répondra : « La vision de l’esprit, ne l’oublie pas, ne commence d’avoir un coup d’oeil perçant que lorsque celle des yeux se met à perdre de son acuité ». Qu’on se le dise.

Impeccable mise en scène

Le Banquet constitue un prétexte à disserter démocratiquement sur ce que chacun des orateurs estime être son idéal. L’atmosphère est aimable, le ton bienveillant, même si parfois fusent des pointes d’ironie. De l’ensemble se dégagent des aspects spécifiques à la société athénienne, où vont de pair nourritures terrestres et spirituelles. On admire le talent de metteur en scène de Platon. Platon qui serait mort à l’occasion d’un… banquet.

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Discours du Chevalier de Ramsay

Le monde entier n’est qu’une République
Dont chaque nation est une famille, chaque particulier un enfant
.

Est  l’une des phrases primordiale du discours du Chevalier de Ramsay
(Andrew Michael ou André Michel Ramsay, dit le chevalier de Ramsay (1686-1743) Ecrivain  philosophe français d’origine écossaise.)

Il fut l’orateur attitré de la Loge « Le Louis d’Argent », à l’Orient de Paris.

Ce discours symbolise  la conduite en Fraternité qui devrait animer chaque initié.

Ecrit en 1736, connu sous le nom de « Discours de Ramsay »
Ce texte est un discours de bienvenue destiné à accueillir de nouveaux initiés.
Il eut une influence considérable sur la Franc-Maçonnerie française du XVIII me Siècle.

Messieurs,

La noble ardeur que vous montrez pour entrer dans l’ancien et très illustre Ordre de francs-maçons est une preuve certaine que vous possédez déjà toutes les qualités nécessaires pour en devenir les membres.
Ces qualités sont la philanthropie, le secret inviolable et le goût des beaux-arts.

Lycurgue, Solon, Numa et tous les autres législateurs politiques n’ont pu rendre leurs républiques durables : quelques sages qu’aient été leurs lois, elles n’ont pu s’étendre dans tous les pays et dans tous les siècles. Comme elles étaient fondées sur les victoires et les conquêtes, sur la violence militaire et l’élévation d’un peuple au-dessus d’un autre, elles n’ont pu devenir universelles ni convenir au goût, au génie et aux intérêts de toutes les nations.

La philanthropie n’était pas leur base; le faux amour d’une parcelle d’hommes qui habitent un petit canton de l’univers et qu’on nomme la patrie, détruisait dans toutes ces républiques guerrières l’amour de l’humanité en général. Les hommes ne sont pas distingués essentiellement par la différence des langues qu’ils parlent, des habits qu’ils portent, ni des coins de cette fourmilière qu’ils occupent.

Le monde entier n’est qu’une grande république, dont chaque nation est une famille, et chaque particulier un enfant.

C’est, messieurs, pour faire revivre et répandre ces anciennes maximes prises dans la nature de l’homme que notre société fut établie. Nous voulons réunir tous les hommes d’un goût sublime et d’une humeur agréable par l’amour des beaux-arts, où l’ambition devient une vertu, où l’intérêt de la confrérie est celui du genre humain entier, où toutes les nations peuvent puiser des connaissances solides, et où les sujets de tous les différents royaumes peuvent conspirer sans jalousie, vivre sans discorde, et se chérir mutuellement. Sans renoncer à leurs principes, nous bannissons de nos lois toutes disputes qui peuvent altérer la tranquillité de l’esprit, la douceur des mœurs, les sentiments tendres, la joie raisonnable, et cette harmonie parfaite qui ne se trouve que dans le retranchement de tous les excès indécents et de toutes les passions discordantes.

Nous avons aussi nos mystères : ce sont des signes figuratifs de notre science, des hiéroglyphes très anciens et des paroles tirées de notre art, qui composent un langage tantôt muet et tantôt très éloquent pour se communiquer à la plus grande distance, et pour reconnaître nos confrères de quelque langue ou de quelque pays qu’ils soient. On ne découvre que le sens littéral à ceux qu’on reçoit d’abord.

Ce n’est qu’aux adeptes qu’on dévoile le sens sublime et symbolique de nos mystères. C’est ainsi que les orientaux, les égyptiens, les grecs et les sages de toutes les nations cachaient leurs dogmes sous des figures, des symboles et des hiéroglyphes. La lettre de nos lois, de nos rits et de nos secrets ne présente souvent à l’esprit qu’un amas confus de paroles inintelligibles : mais les initiés y trouvent un mets exquis qui nourrit, qui élève, et qui rappelle à l’esprit les vérités les plus sublimes.

Il est arrivé parmi nous ce qui n’est guère arrivé dans aucune autre société. Nos loges ont été établies autrefois et se répandent aujourd’hui dans toutes les nations policées, et cependant dans une si nombreuse multitude d’hommes, jamais aucun confrère n’a trahi notre secret. Les esprits les plus légers, les plus indiscrets et les moins instruits à se taire apprennent cette grande science aussitôt qu’ils entrent parmi nous : ils semblent alors se transformer et devenir des hommes nouveaux, également impénétrables et pénétrants. Si quelqu’un manquait aux serments qui nous lient, nous n’avons d’autres lois pénales que les remords de sa conscience et l’exclusion de notre société, selon ces paroles d’Horace :

Est et fideli tuta silentio
Merces : vetabo, qui Cereris sacrum
Vulgarit arcanae, sub isdem
Sit trabibus, fragilemve mecum
Solvat phaselum.

(C’est la récompense et la sûreté du fidèle par le silence.
Je refuserai que du culte de Cérès
On vulgarise les secrets : qu’il soit sous ceux-là
De solides navires que soit sauvée ma
fragile embarcation.)

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